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Christian Favier (PCF) : «Le Front de Gauche n’est pas anti-socialiste»

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Christian FavierLes municipales 2014 ont mis à l’épreuve les alliances entre partis de gauche, et la perte de plusieurs villes de gauche génère de sérieuses interrogations sur la majorité au sein des prochaines assemblées départementales et régionale, sans parler de la métropole de Paris. Analyse de Christian Favier, sénateur et président PCF du Conseil général du Val de Marne.

En désaccord ouvert sur un certain nombre de positions nationales du gouvernement socialiste, de la politique économique à la réforme des rythmes scolaires en passant par la création des métropoles, le PCF n’a pas pour autant été épargné par la protestation qui s’est exprimée dans les urnes lors des municipales. Le sénateur PCF nuance. «Cette sanction traduit un fort mécontentement à l’égard de la politique gouvernementale et nous avons pu la mesurer avec les taux d’abstention dans les quartiers populaires. Nous avons payé le prix des promesses non tenues par le président de la république et d’une série de mesures contraires aux besoins des habitants concernant le pouvoir d’achat, les retraites… Le PCF avait marqué ses distances avec cette ligne, bien qu’ayant contribué à faire élire François Hollande. La sanction touche certes globalement la gauche mais avec des nuances. Dans le 94, le parti communiste avait 12 communes et en a perdu 2 dont une à 8 voix près en raison d’une liste de division et non en raison d’un rejet de la gestion municipale. A Villejuif, la victoire de la coalition inédite entre des UMP, UDI, EELV (ndlr : exclus d’EELV entre les 2 tours), Modem et ex PS, constitue pour nous un échec car Villejuif est une ville importante où nous portons des projets majeurs pour le département à l’instar de Campus grand parc dans le secteur des biotechnologies ou de l’interconnexion entre les lignes 15 et 14. Nous repartons dès aujourd’hui à la conquête de cette ville

Concilier PS et PG : le grand écart?

Ecartelé entre la composante plus radicale du Front de Gauche, et notamment du Parti de Gauche qui a souhaité incarné «l’opposition de gauche» à l’occasion des municipales, et son allié socialiste, le PCF s’est retrouvé tiraillé entre des partenaires devenus irréconciliables, se retrouvant dans certaines communes aux côtés du PS et dans d’autres avec le Parti de Gauche. «La conception du Front de Gauche n’est pas anti-socialiste. Pour réussir, il faut faire avec toute la gauche. Nous souhaitons faire évoluer le rapport de force non pas contre le PS mais sur la base d’une politique alternative. Il n’y a pas de fatalité à rentrer sans le moule des exigences de Bruxelles qui veut continuer d’imposer des cures d’austérité, plaide le sénateur communiste. Concernant les municipales, nous voulions l’union autour des maires de gauche sortants et avons respecté cet engagement dans toutes les communes (Alfortville, Cachan, Créteil, Fresnes…) même lorsqu’il y a eu débat. Les municipales ne sont ni des présidentielles ni des législatives, et il a des politiques positives de lutte contre les inégalités, de logement social, de politique d’accès à tous au sport dans ces villes.»

Rapprochement avec EELV

Du côté PS, l’agacement vis-à-vis de certaines prises de positions anti-gouvernementales du PCF et l’envie de conquête de nouveaux territoires ont donné lieu à quelques frondes. «Ces tentatives socialistes de s’attaquer à la gauche au lieu de la droite à Chevilly-Larue, Fontenay-sous-Bois ou encore Ivry-sur-Seine, se trompant d’adversaires, ont été des échecs pour le PS avec le score sans appel des communistes et j’espère que tout le monde en tirera les leçons de l’union et du rassemblement», toise Christian Favier. Alors qu’une durable rancœur entre PCF et EELV s’était installée à la suite des élections cantonales de 2011, lors desquelles plusieurs alliances PS-EELV avaient été scellées pour tenter sans succès de faire tomber des cantons au PCF, les municipales 2014 ont au contraire contribué au rapprochement entre ces deux partis de gauche et EELV a même fort bien tiré son épingle du jeu du retrait des alliés PS à Ivry-sur-Seine et Fontenay-sous-Bois, négociant des postes en bonne position et faisant passer quelques priorités programmatiques. «Sur beaucoup de points, il y a eu convergence avec EELV qui n’est pas non plus favorable à la politique d’austérité», reconnaît Christian Favier, qui a pour sa part apporté à titre personnel son soutien au candidat EELV (soutenu par le PS) Pierre Serne (par ailleurs vice-président en charge des transports de la région Ile de France) à Vincennes, alors que le Front de Gauche présentait un candidat.

Elections départementales et régionales :  appel à la discipline

Ces nouvelles dispositions permettront-elles de souder des alliances plus larges à l’occasion des élections départementales de 2015. Le président du Conseil général l’espère : «Nous souhaitons fondamentalement le rassemblement. Nous aussi nous acceptons de prendre des responsabilités et de nous confronter à des contradictions dans le cadre de la gestion des collectivités.» Au vu des résultats des municipales dans le Val de Marne et des belles prises de la droite, qui a raflé 6 villes à la gauche et détient désormais 28 communes sur 47, les échéances départementales s’annoncent comme une difficile reconquête pour la gauche, même unie, avec notamment des cantons comme Villejuif, L’Haÿ-Fresnes ou encore Villeneuve-le-Roi-Orly-Ablon. «Nous devons nous rassembler sur des projets départementaux. Je ne suis pas pessimiste sur l’avenir. Il n’est pas certain que le contexte national jouera de la même façon sur ces élections et les intérêts bien compris des différentes composantes de la gauche pousseront à davantage de discipline. D’autant que, le même jour, se tiendront élections régionales qui constitueront également une bataille très difficile pour garder la région à gauche», anticipe Christian Favier.

Grand Paris : repartir de Paris Métropole

Alors que Christian Cambon, sénateur-maire UMP de Saint-Maurice, a évoqué l’arroseur arrosé à propos du passage à droite de la majorité des élus de la future métropole de Paris, Christian Favier, également hostile comme son groupe parlementaire à cette nouvelle entité, utilise une image assez proche «Ce vote de la métropole résultant d’un coup de force de quelques parlementaires en dehors de tout débat démocratique ente toutes les composantes de la gauche revient comme un boomerang à ces initiateurs ! Aucun de ces beaux esprits n’avait imaginé que la droite pourrait diriger cette métropole à laquelle ils ont décidé d’apporter des moyens financiers considérables. Pour ma part, il faut complètement réécrire ce texte, abandonner ce projet tel qu’adopté et repartir sur la base des travaux de Paris Métropole dans lequel des pistes consensuelles avaient été élaborées. Et avant de parler de la gouvernance, commençons par discuter du projet. On a épuisé les élus dans des centaines de réunions et mobilisé le parlement alors que les préoccupations qui se sont exprimées aux municipales se-sont révélées très différentes, avec des attentes de proximité et de service public plus efficace.»

Sur la nomination de Manuel Valls comme Premier ministre, le président du Conseil général reste sceptique. «Sa nomination ne traduit pas un changement d’orientation puisqu’il nous a été annoncé dans le même temps que la même politique serait reconduite et tout n’était qu’un problème de pédagogie et de communication. Ces orientations risquent de nous mener dans le mur malgré le talent de Manuel Valls qui a incontestablement de grandes qualités. Le premier signe de désaveu à gauche est la sortie du gouvernement des écologistes

Lire aussi l’interview de Christian Cambon, sénateur-maire de Saint-Maurice et président de l’UMP Val de Marne sur ces mêmes sujets, ainsi que celle de Luc Carvounas, sénateur-maire d’Alfortville et premier fédéral du PS Val de Marne.


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